Education nouvelle
Philosophie de l’éducation, nouvelle
L'actualité du discours scolaire (diverses réunions et positions spécialisées) a récemment mis en avant le terme d'"éducation nouvelle", principalement géré par des organisations dédiées.
Cette circonstance peut appeler l'attention des tenants de la philosophie de l'éducation. Elle n'est pas circonstanciellement convoquée, ce qui en soit constitue un point problématique pour la philosophie critique, mais pourtant, la question est bien entendu au cœur de ses préoccupations. Conçue comme questionnement, elle a en effet à produire là un travail spécifique à mener.
S’il est une question intéressant la « Philosophie de l’éducation », c’est bien celle-là. Quant aux finalités (PDE), à l'élucidation des pratiques (PDPE), à l'action éclairée (PDAE).
Pour une philosophie critique de l'éducation, il ne peut y avoir d'autre effort que celui d'une « éducation nouvelle ».
En Philosophie de l’éducation, nous ne sommes pas dispensés de questionnement radical :
- touchant les finalités, l'effort d'élucidation des soubassements, des présupposés comme des aspirations, attachées à une « idée de l'homme », est lié à la capacité de réflexivité accrue. A défaut, nous avançons aveuglément, comme si les choses allaient de soi. Il n'y a pas de revendication d'« éducation nouvelle » sans conception sous-jacente. Cette démarche, au cœur de tout acte philosophique, est indispensable. Sans cette mise en lumière, nous en savons guère pourquoi, et nous agissons sans jugement.
- Ainsi des pratiques, qui ont leurs raisons. Qu'il s'agisse des pédagogies effectives, ou des pratiques discursives. En définir les paramètres est un travail spécifique ; cela ne peut se faire de manière désengagée, comme on le voit chez les clercs et ce serait l'honneur des tenants du genre d'expliciter les tenants et aboutissants. Non en se réclamant de quelque tradition, en suivant le texte donné, mais en interrogeant incessamment ce qui travaille le texte de l'action.
Pour une philosophie de l’action éducationnelle
Une philosophie de l'action éducative pourrait se donner comme tâche de contribuer à susciter un travail de synthèse et de clarification des formidables projections existantes (ayant existé, existantes, en puissance) en éducation et en pédagogie : le patrimoine est considérable, et il ne commence ni ne s'arrête avec ce qui fut naguère appelé l'« Éducation nouvelle ».
Il ne se confond pas non plus avec les leçons attestées.
En termes de philosophie de l’action éducationnelle, il n’est pas possible d’en rester à une « histoire » du passé. D’autant que le progrès des mémoires artificielles nous délivre des tâches d’érudition et d’archive.
La « possibilité pédagogique » s’ancre sur la réalité du milieu actuel. C’est pourquoi il faut clarifier le rapport de cet effort supposé au contexte sociopolitique.
L’idéal de l’éducation nouvelle est-il en définitive celui de l’aliénation postlibérale ? Si la simple assertion qu'il ne l'est pas est juste, il ne peut y avoir d’accommodement, et la quête d’une « nouvelle éducation nouvelle » ne peut se comprendre que comme riposte.
La pédagogie réelle est un risque. Les principales actions menées dans l’esprit de l’ « Éducation nouvelle » l’étaient par des passionnés et des groupes décidés. Rarement pas des groupements spécialisés ou des universitaires patentés. Et les collaborations parfois possibles passaient par des individus déterminés.
Lire les classiques nous en dira autant sur l’utopie éducative. La pédagogie en acte se nourrit d’un peu de savoir, et de beaucoup de conviction. Relire ce qu’on place sous la généralité « d’éducation nouvelle », mais sans omettre ce que représentent par exemple Alain, Maritain et Savater, incite d’abord à « l’action éducationnelle ». Aujourd’hui, elle viserait non plus seulement à interpréter les textes traitant d’éducation, mais à organiser la pensée pour l’action.
Ce retour au réel est d’autant plus important qu’un des traits majeurs du discours scolaire contemporain est la disjonction des ordres et l’injonction paradoxale. L’action commence par la critique de cette configuration délétère, qui, au-delà même de l’ « hypocrise » précédente, marque la marche vers un « postlibéralisme » aujourd’hui en gestation. Les choses s’installent sans qu’on y prenne garde.
En second lieu, la philosophie de l’action éducationnelle travaille à la promotion de l’invention et à la mise en place de solutions.
Mais, on le comprend, si les solutions, dont beaucoup d’entre nous sont porteurs, sont de l’ordre de la part combative et émancipatrice de l' « éducation nouvelle », une telle philosophie de l’action éducative » ne peut être que refoulée. En prendre son parti par défaitisme n’est pas à notre goût.
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Une "nouvelle éducation nouvelle" ?
A l’opposé des impasses récentes, nous avons, en éducation scolaire, à imaginer un dynamisme comparable à celui de l’inventivité matérielle et économique, alors qu’aujourd’hui comme devant, les progrès spirituels et éducatifs sont toujours inversement proportionnels aux avancées techniques et aux créativités culturelles, dont le bouillonnement n'a guère d'équivalent en éducation scolaire.
Bien loin, tellement loin, des idéaux pédagogiques du passé.
Il s’agit donc de mettre en jeu nos certitudes pour « partir en reconnaissance ». Lorsque nous parlons alors de philosophie de l’éducation, c’est d’un philosopher ancré au réel et à la pratique, attaché à son objet, c’est de questionnement (Zêthèsis) qu’il s’agit, la connaissance issue de l’étude relevant pour nous de l’anthropo-logie, l’action déterminée, de la méthodo-logie.
C’est aussi en considérant à nouveaux frais la triade recherche/ profession/ formation/ et en retrouvant le sens de l’effort commun et partagé, de la coexpérience, que nous reprendrons et redonnerons confiance.
Sans cet effort soucieux, nous ne pourrons sortir de l'ornière. Au-delà de la terminologie, au besoin à réviser, car il ne s’agit pas de casuistique, ce qui compte, c’est bien le sens communautaire, qui ne peut jamais provenir d'un propos magistral supérieur. C'est pourquoi cet effort ne peut se comprendre que collectivement, à l'inverse de l'idéologie à la fois unanimée et fragmentale qui règne, et des disjonctions du moment, dont nous espérons qu'elles ne sont qu'un épisode provisoire.